La Revue des politiques sociales et familiales (RPSF) lance un appel à articles scientifiques pour son numéro thématique Instituer la famille, entre parenté et parentalité.

Présentation du numéro thématique

La parentalité est souvent pensée comme relevant de la sphère “privée”. Pourtant, elle n’en est pas moins surveillée et encadrée par un ensemble d’institutions, que Jacques Donzelot (1977) qualifie de “police des familles”. Les institutions légales par exemple régulent l’accès au statut de parent (la parenté) et l’établissement de la filiation, tandis que les institutions médicales encadrent l’engendrement, notamment dans le recours à l’assistance médicale à la procréation (AMP) ou aux moyens de contraception. De même, l’exercice du rôle de parent (la parentalité) fait intervenir un ensemble d’agents institutionnels : des professionnels de l’enfance à ceux de l’éducation, en passant par les services sociaux. Ces institutions sont aussi porteuses de normes dominantes quant à la famille.

Les institutions peuvent être entendues comme d’une part l’incarnation physique et organisationnelle dans des lieux dédiés à la prise en charge des individus (soin, école, justice) d’une organisation sociale formelle possédant une certaine légitimité, voire exerçant une contrainte sur les individus. Les agents institutionnels, de par leur rôle, sont soumis au fonctionnement de l’institution. Ils agissent alors en prescripteurs de normes auprès des usagers de l’institution. Toutefois, une prise d’autonomie par rapport à l’institution est possible de la part des professionnels institutionnels, ou encore des usager.ères qui peuvent adhérer ou non aux discours portés par les institutions. Une marge de manœuvre existe et peut être étudiée quant aux rôles et aux injonctions préconisés. D’autre part, dans une seconde approche, nous pouvons penser l’institution comme plus diffuse, moins incarnée dans des lieux que dans des individus ou des groupes (famille, religion, médias, etc.). Pour autant, des agents s’y trouvent également être prescripteurs d’une morale ou de normes invitant les individus à moduler leurs pratiques ou leurs croyances. Dans ces deux approches, les « travailleurs sur autrui » (Dubet, 2002) ont une influence manifeste sur les individus (et en l’occurrence sur les parents ou parents potentiels) en ce qui concerne leur projet d’enfant, leurs pratiques et leurs représentations. Nous porterons donc notre attention sur les relations entre ces protagonistes.

Les sciences sociales distinguent trois dimensions sur lesquelles ces normes peuvent agir : l’engendrement biologique, la parenté légale, et la parentalité quotidienne. Ces aspects ont pu être abordés à partir de “cas limites” dans lesquelles ces dimensions sont dissociées. Ces parentalités “par les marges” sont éclairantes pour mettre en évidence les représentations des professionnels, et comprendre par exemple comment la norme de biparentalité (devenir et exercer son rôle de parent dans un couple hétérosexuel) limite la possibilité pour les agents institutionnels et les individus de penser une pluriparentalité de formes familiales (familles homoparentales, monoparentales, recomposées, etc.). Toutefois, l’intérêt de ces objets de recherche ne doit pas pour autant laisser de côté l’étude de parentalités “ordinaires” pour saisir le rapport entre individus et institutions, quant à la formulation d’un projet d’enfant, l’établissement de la filiation, et l’exercice du rôle de parent.

Les enjeux de “soutien à la parentalité” ont par ailleurs été largement étudiés, mais les résistances éventuelles des familles face aux normes institutionnelles le sont moins souvent.
Ce numéro s’attachera à mettre en lumière les stratégies de retrait vis-à-vis des institutions (entendues au sens large du terme) de certains parents au nom de conceptions alternatives de l’engendrement, de la filiation ou de la parentalité aux normes dominantes. Enfin, l’emploi du terme de “parent”, sans distinction de sexe, dissimule les déclinaisons de cette fonction ou de ce statut suivant que le parent est un homme ou une femme. Ce numéro souhaite aussi interroger la façon dont les injonctions portées par les expert.es et les pratiques des (futurs) parents se déclinent entre paternité et maternité.

Ce numéro questionnera l’articulation entre les institutions et d’une part la parenté, d’autre part la parentalité, à travers deux axes (détaillés dans l’appel) :

– Axe 1 : Qui a le droit de devenir parent ? Les projets d’enfants encadrés par les institutions.
– Axe 2 : Quelles collaborations entre parents et institutions dans l’éducation des enfants ?

Le numéro thématique comporte 3 parties (les articles de « Synthèses et statistiques » seront particulièrement appréciées) :

– les « Articles scientifiques » (60 000 signes espaces compris maximum). Il s’agit de contributions originales fondées sur un matériau empirique ;
– les articles de « Synthèses et statistiques » (30 000 signes) proposent des analyses de littérature grise, de synthèses de recherche ou d’études quantitatives ou qualitatives problématisées qui se situent dans le champ couvert par la RPSF ;
– les « Comptes rendus » sont des présentations d’ouvrages (8 000 signes) et de colloques (20 000 signes), problématisées en rapport avec les domaines d’intérêt de la revue.

Modalités de proposition

Les auteur·es envoient d’ici le 1er juillet 2020 un résumé (200 mots env.) et ses mots-clés en indiquant si l’article est proposé pour la première ou la deuxième partie de la revue, dans quel axe il s’inscrit, ainsi qu’une brève note biographique. Si la proposition de résumé est acceptée, l’article est à envoyer pour le 1er septembre 2020 pour au plus tard pour être expertisé (double évaluation) et discuté en Comité de rédaction. Les articles de synthèse ou d’études statistiques doivent être envoyées pour le 1er octobre 2020. Il n’y a donc pas de garantie de publication de l’article avant validation par les experts scientifiques et acceptation de l’article en Comité de rédaction, au premier semestre 2021.
Les résumés sont à envoyer au reppama.contact@gmail.com et rpsf@cnaf.fr.
Voici les consignes aux auteurs de la revue à respecter pour tous les articles soumis :
http://www.caf.fr/sites/default/files/cnaf/Documents/Dser/PSF/RPSF%20_%20Recommandations%20auteurs.pdf

Calendrier
– 1er juillet 2020 : Soumission des résumés d’articles
– 15 juillet 2020 : Retour aux auteur.es
– 1er septembre 2020 : Soumission des articles scientifiques
– 1er octobre 2020 : Soumission des articles de synthèse ou d’études statistiques

Histoire de la revue :

Créée en 1985, la Revue des politiques sociales et familiales (Recherches et Prévisions de 1985 à 2009, puis Politiques sociales et familiales jusqu’en mars 2015) est une publication scientifique trimestrielle et pluridisciplinaire à comité de lecture. Elle publie des travaux de recherches originaux dans le champ des politiques familiales et sociales (dispositifs d’action publique, prestations, offres de services, acteurs de ces politiques, publics visés, etc.) ainsi que sur les évolutions touchant à la famille, l’enfance, la jeunesse et la parentalité. La revue accepte des articles de toute discipline en sciences humaines et sociales. Son caractère pluridisciplinaire oblige les auteurs à adopter un langage clair et à préciser ce qui ne relève pas du langage courant (présentation de dispositifs, de concepts théoriques, de méthodes d’enquêtes particulières, etc.).

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