Soutenu par le LabSIC et le CRICIS, le séminaire « Genre(s) et méthodes » de l’année 2022-2023 vous présente son programme 2022-2023

5e Séminaire

Genre et religion: étudier le genre dans l’islam

14 avril 2023, 15h-18h à Paris/9h-12h à Montréal  – Formule hybride

Il sera possible d’y assister sur zoom et également en présentiel à Montréal (UQAM, salle R-R150).N’oubliez pas de vous inscrire en écrivant à cricis@uqam.ca en indiquant si vous serez en Zoom ou en présentiel. Un lien vous sera envoyé la veille du séminaire. Le séminaire est gratuit et ouvert à toustes!

Intervenantes:

Azadeh Kian, professeure de sociologie, directrice du CEDREF et des Cahiers du CEDREF, Université Paris Cité

Leila Benhadjoudja, Professeure adjointe à l’École d’études sociologiques et anthropologiques de l’Université d’Ottawa

Résumés des communications:

  • Azadeh Kian: ​​Genre et islam : défis épistémologiques et méthodologiques

Le climat passionnel actuel autour de la question de l’islam en général et genre et islam en particulier rend très difficile le travail scientifique consistant à appréhender cette problématique dans sa complexité. D’autant que les lois islamiques discriminatoires à l’encontre des femmes sont en vigueur dans beaucoup de pays musulmans (dont mon pays natal l’Iran) et une confusion entre l’islam et l’islam politique est entretenue tant par les régimes et les groupes islamistes que par leurs détracteurs.

Afin de travailler sur genre et pouvoir en islam (depuis l’avènement de l’islam jusqu’à aujourd’hui), j’ai été conduite à relever les défis tant méthodologiques qu’épistémologiques, travailler sur moi-même et apprendre à désapprendre ou me défaire de mes préjugés liés à mon éducation et mon vécu.

  • Leila Benhadjoudja: la double conscience en recherche académique. De quelques enjeux sur la racialisation et la positionnalité

La recherche académique féministe reconnaît d’emblée la positionnalité comme élément structurant dans la construction des savoirs et des méthodologies. Dès lors, les enjeux de subjectivation des chercheur.e.s ne peuvent être dissociés de leur rapport aux objets et aux théorisations qu’iels approchent. À la lumière de « la double conscience », je discuterai particulièrement les enjeux de racisation dans le cadre de la recherche féministe musulmane.

 

A propos des intervenantes 
Azadeh Kian est professeure de Sociologie (Classe exceptionnelle), Université Paris Cité, directrice du Cedref et des Cahiers du Cedref. Elle a obtenu le Master et le PhD en sociologie politique et historique à l’université de Californie, Los Angeles (UCLA). Ses recherches et enseignements portent sur Genre et islam, politique et société au Moyen-Orient, genre et théories postcoloniales et intersectionnelles.

Leila Benhadjoudja est une féministe antiraciste. Ses recherches portent sur le racisme et l’antiracisme au Québec, et ses principales publications portent sur l’islamophobie et le féminisme musulman. Elle est la co-fondatrice du Festival féministe d’Ottawa, passionnée par la justice sociale, le vélo et la danse.


4e Séminaire

Étudier les parentalités en ligne: enjeux méthodologiques

vendredi 17 février de 15h à 18h à Paris (9h à 12h à Montréal)

Inscription: cricis@uqam.ca

Présentiel à Paris (salle 255, site Pouchet CNRS) et à Montréal (UQAM, salle R-R150)

Intervenantes:

Laura Verquere, doctorante en sciences de l’information et de la communication au Celsa (GRIPIC) et ATER à l’université Panthéon-Assas
Chantal Bayard,   doctorante en communication sociale et chargée de cours, Département des sciences humaines, Université du Québec à Trois-Rivières

Résumés des communications:

Laura Verquere: Les constructions genrées du problème public du congé paternité : pour une réflexion méthodologique plurielle et relationnelle

Cette communication repose sur une recherche doctorale menée sur les fabriques du problème public du congé paternité (2017-2021) au prisme du genre. Elle repose sur une enquête de terrain menée auprès des entrepreneur.ses de cause de l’allongement du congé paternité (trois associations féministes  – le PA.F, ParentEgalité et Parents & féministes  –  et un groupe de dix pères) et une analyse sémio-discursive des représentations médiatiques de ceux-ci dans les médias dits "de référence" et de la presse féminine. Au terme de notre recherche, nous constatons que des rapports de pouvoir de genre se reproduisent au niveau de la structuration (matérielle et symbolique) et de la médiatisation de ce problème public dont l’objet représente pourtant la lutte contre les inégalités de genre. Nous proposons ici d’interroger, au prisme d’une réflexion méthodologique, la façon dont nous avons analysé les constructions genrées du problème du congé paternité au niveau des mobilisations.

 

Chantal Bayard: Analyse critique des discours sur l’alimentation des nourrissons des célébrités et des femmes sur les réseaux socionumériques. Réflexions sur les défis méthodologiques dans une perspective intersectionnelle.  

Ces dernières années, de nombreuses personnalités publiques – qu’elles soient actrices, chanteuses, mannequins, politiciennes, sportives – partagent leurs expériences d’allaitement et de l’alimentation avec des préparations pour nourrisson sur les réseaux socionumériques.  Leurs discours prennent la forme de texte, de mot-clic, d’image et de vidéo éphémère qui sont en phase ou en contradiction avec celui des autorités de santé publique mondiale, canadienne et québécoise qui recommandent l’allaitement exclusif jusqu’à six mois (ACSP, 2021; INSPQ, 2022; OMS, 2022). Ces publications génèrent des milliers de réactions de femmes qui expriment leur solidarité et leur approbation, mais aussi leur mécontentement et leur contestation. Dans cette communication, nous porterons notre attention sur l’analyse critique des discours (Lupton, 1992) produits par ces célébrités – des femmes privilégiées, hétérosexuelles, blanches, n’ayant pas de handicap visible et dont les corps sont généralement conformes aux standards de beauté nord-américaine – et par ces femmes à partir de corpus analysés notamment dans le cadre de ma recherche doctorale en communication sociale. Plus spécifiquement, nous proposons de partager nos réflexions sur les défis méthodologiques que pose ce type d’analyse dans une perspective intersectionnelle à partir d’exemples concrets, soit : 1) la création d’un corpus; 2) les messages sous-jacents à ceux sur l’alimentation des nourrissons (ex. Publicité); 3) l’analyse des commentaires des internautes en réaction à un partenariat rémunéré entre une célébrité et une entreprise.

A propos des intervenantes

Les travaux de Laura Verquere, doctorante en sciences de l’information et de la communication au Celsa,  se situent au croisement des thématiques suivantes : le genre, les masculinités, les médias, les féminismes, la parentalité, les problèmes publics et les mouvements sociaux.

Chantal Bayard est chargée de cours et doctorante en communication sociale à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Sa thèse porte sur l’analyse des discours et des représentations de l’allaitement et de l’alimentation des nourrissons produits par les célébrités et les influenceuses sur les réseaux socionumériques, de même que sur la réception de ces contenus par les internautes.


 

3e séminaire

Les pratiques écoféministes: enjeux méthodologiques et épistémologiques

Vendredi 27/01/2023, 15h-18h à Paris (9h-12h à Montréal)

Inscription: cricis@uqam.ca

Intervenantes:

Geneviève Pruvost, directrice de recherche au CNRS, sociologue du travail et du genre au Centre d’études des mouvements sociaux.

Marie-Anne Casselot, doctorante en philosophie féministe à l’Université Laval.

 

Résumés des communications:

Geneviève Pruvost : L’observation à la loupe du genre de la fabrique quotidienne. Approches écoféministes

Fin des sociétés paysannes, cuisines équipées, bétonisation des terres arables, effacement des savoir-faire et cosmogonies autochtones, ignorance des rythmes du monde vivant… Ces phénomènes divers que l’on apprend aujourd’hui à déplorer sont bel et bien liés, nous disent depuis un demi-siècle des théoriciennes écoféministes, critiques de la modernité industrielle. C’est à leurs pensées, méconnues en France, ainsi qu’aux leçons existentielles et politiques qu’il convient d’en tirer, qu’est consacré cet ouvrage. L’auteure explore les alternatives écologiques et anticapitalistes contemporaines pour démontrer que la vie quotidienne est un terrain politique fondateur.
Sans politique du quotidien, sans reconstruction collective et radicale de notre subsistance, il n’y aura pas de société égalitaire ni écologique. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas la généralisation du salariat qui a permis d’accéder à la société de consommation et au confort appareillé, mais le colonialisme et le travail domestique féminin. Une autre organisation politique de la vie et des rapports à la nature est possible. À condition d’être redistribué, ancré dans une communauté en prise avec un biotope et des usages, le travail de subsistance ainsi repensé devient un facteur d’émancipation. La fabrique du quotidien apparaît alors pour ce qu’elle est : un enjeu révolutionnaire.

Marie-Anne Casselot: Les écoféminismes : des méthodologies militantes et multidisciplinaires

Les écoféminismes sont avant tout un ensemble des mouvements militants dénonçant les conséquences aggravées de la crise climatique sur les femmes, les personnes racisées, les animaux et les écosystèmes. Ils travaillent à faire reconnaître les effets délétères du développement et de l’industrialisation sur les modes de vie des populations des Suds et leur subsistance. Les mouvements écoféministes mettent en lumière l’interconnexion entre les systèmes d’oppression en s’inscrivant dans les luttes pour la justice environnementale, et en solidarité avec celles pour la décolonisation des populations afrodescendantes et autochtones. En ce sens, les écoféminismes sont radicalement intersectionnels.
Dans la constellation écoféministe existe également des lectures antimodernes de l’histoire occidentale : c’est-à-dire une forte critique du cartésianisme et de la vision mécaniste de la nature chez Carolyn Merchant, ainsi qu’une déconstruction du dualisme philosophique et de la « logique du maître » chez Val Plumwood. Ces écoféministes montrent que l’association entre les femmes et la nature a permis une naturalisation des femmes et féminisation de la nature dans la vision cartésienne et mécaniste du monde moderne. Ces deux entités ont été perçues comme exploitables, ce qui a servi de justification pour leur asservissement.

Bien que la volonté de « dénaturaliser » des femmes propres aux féministes de la deuxième vague fût nécessaire pour faire reconnaître la subjectivité et la citoyenneté de ces dernières, cela a également reconduit une coupure entre les êtres humains et le monde vivant propre à la vision mécaniste de la nature. Par conséquent, les différentes postures écoféministes contemporaines opèrent un geste de reclaim, selon le terme d’Émilie Hache, de l’association entre les femmes et la nature, ce qui est à la fois une réhabilitation et une réappropriation de quelque chose de détruit et de dévalorisé (Hache, Reclaim, p.23). Elles travaillent en effet à faire reconnaître l’interdépendance des êtres humains avec leurs écosystèmes, les animaux et entre eux.

Parallèlement, les écoféminismes partagent avec les éthiques du care une vision d’un prendre soin global et local qui conçoit les êtres humains comme étant plongés dans des relations complexes d’interdépendance avec leurs écosystèmes. De cette vision du monde découle une responsabilité éthique et politique à agir pour le bien-être collectif actuel et futur.

En somme, quels sont les principaux angles des analyses écoféministes ? En tant que mouvement féministe pluriel, il est impossible d’établir une méthodologie unique aux écoféminismes bien que celles-ci entrecroisent plusieurs approches provenant de luttes militantes et de branches théoriques variées. La présentation tâchera de tracer les lignes directrices des méthodologies multidisciplinaires proprement écoféministes.

 

À propos des intervenantes

Médaille de bronze au CNRS, Geneviève Pruvost est sociologue du travail et du genre au Centre d’études des mouvements sociaux (EHESS). Elle a notamment publié avec Coline Cardi, Penser la violence des femmes (2012). Ses recherches portent depuis dix ans sur la politisation du moindre geste et les alternatives écologiques. Son dernier livre s’intitule Quotidien politique. Féminisme, écologie et subsistance (La Découverte, 2021).

Marie-Anne Casselot est doctorante en philosophie féministe à l’Université Laval. Elle a co-dirigé l’ouvrage Faire partie du monde : Réflexions écoféministes aux Éditions du Remue-ménage en 2017. Elle est également chargée de cours dans plusieurs universités québécoises ainsi que travailleuse autonome dans des organismes culturels et féministes.

 

Inscription :

Ecrire à cricis@uqam.ca (en indiquant si vous serez en Zoom ou en présentiel à Montréal).
Vous recevrez ensuite le lien. Le séminaire est gratuit et ouvert à toutes et tous!

 

Syllabus du séminaire « Genre(s) et méthodes (GEM) »

Co-organisé par le LabSIC (Laboratoire des Sciences de l’information et de la communication, Université Sorbonne Paris Nord, France) et le CRICIS (Centre interuniversitaire sur la communication, l’information et la société, Québec, Canada), le séminaire Genre(s) et méthodes (GEM) s’attache à étudier les questions féministes, intersectionnelles et de genre(s) en termes de méthodes, méthodologies et épistémologies. Concept transdisciplinaire fluide et non figé, le genre – ou les genres, pour échapper à un fonctionnement social binaire – a fait l’objet de travaux qui, en proposant un décentrement radical, ont transformé le paysage des sciences sociales et humaines tout au long du XXe siècle. Ce séminaire a pour objectif de proposer un espace pour discuter des apports de ces études à la pratique scientifique. Nous y discutons des façons de faire de la recherche lorsqu’on travaille sur le(s) genre(s), de ses / leurs articulations avec d’autres formes de minoration, et du pouvoir critique de cet outil pour désessentialiser le monde social. Cherchant à soustraire la réflexion à la pensée universaliste, nous y décentrons les regards pour aborder les questions de luttes, de résistances, à l’exemple de celles de corps racisés qui subissent différents rapports de domination. Nous réfléchissons à la façon dont sont opérés les décentrements des concepts et aux démarches mises en œuvre pour déconstruire les normes dominantes sur les identités de genre, les sexualités et d’autres rapports de pouvoir comme la classe ou la race. Pluriels, les questionnements portent sur la capacité à penser le positionnement de la chercheuse ou du chercheur, son engagement, sa subjectivité, le dévoilement de biais en termes de production ou d’interprétation de données, la réflexivité sur ces biais en tant que ressources heuristiques, épistémiques ou politiques, les questions éthiques soulevées par des objets perçus comme impurs, ou encore l’historiographie ou l’analyse du caractère genré d’un objet ou d’un dispositif d’enquête… Il s’avère pertinent de mettre au jour et d’analyser les façons dont le(s) genre(s) – ainsi que les concepts qui lui / leur sont rattaché(s) – sont travaillés et reconstruits par le terrain… Enfin, cet espace de dialogue a aussi pour vocation d’interroger la possible singularité des méthodes, méthodologies et épistémologies des approches par le genre et des études féministes et intersectionnelles. Ce séminaire met en lumière des travaux s’inscrivant dans les champs des médias et de la communication, et plus largement en sciences humaines et sociales (sociologie, histoire, anthropologie, sciences politiques ou philosophie…).

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