Les inventions politiques du féminisme
Droit, travail et religion (XIXe-XXe siècles)
Au XIXe siècle les mouvements socialistes et féministes surgissent conjointement : qu’est-ce que cela nous dit des luttes politiques qui ont eu lieu au sein de sociétés en cours d’industrialisation ? Et qu’est-ce qu’une telle histoire peut nous montrer de nos sociétés actuelles, des aspirations et des conflits qui les traversent ?
La journée d’étude mobilisera un double regard, sur l’histoire du XIXe siècle et sur l’actualité. Dans le cadre du socialisme du XIXe siècle, il s’agira d’analyser comment et pourquoi la question de la liberté et de l’égalité des femmes ne surgit pas comme une problématique accessoire : elle s’impose comme un enjeu constitutif de tout projet de réorganisation de la société. Si le travail est envisagé comme la source d’une nouvelle solidarité, il ne semble pas pouvoir faire émerger à lui seul les paroles et les pratiques de justice adaptées à des sociétés où le marché est progressivement désencastré des institutions collectives. L’élaboration de ces paroles et de ces pratiques amène souvent les socialistes du XIXe siècle à mobiliser un ordre de discours et d’action qu’ils définissent eux-mêmes comme « religieux » (ce sera l’objet de la journée d’études Autour du saint-simonisme. Peuple, religion, socialisme, organisée par F. Brahami le 18/12 toujours en salle 533).
Mais, d’une manière plus surprenante, le tissage d’une nouvelle solidarité appelle aussi à transformer, en théorie et en pratique, les formes d’action et de parole des femmes au sein de la société nouvelle. Pour comprendre les enjeux et les raisons d’une telle transformation, on se concentrera ainsi, d’une part, sur les doctrines socialistes qui définissent le rôle des femmes dans la réorganisation des sociétés modernes et, d’autre part, sur les manières dont des femmes socialistes mettent à l’épreuve ces mêmes doctrines. On étudiera tout particulièrement les pratiques et les idées de solidarité qui émergent dans et par les associations constituées par ces femmes, afin de comprendre si et comment la portée novatrice de leurs pratiques et paroles politiques prend appui aussi sur des traditions religieuses.
En revenant ensuite sur le XXe siècle, il s’agira de questionner la portée et le sens des droits émergés des luttes des femmes pour la transformation du travail. Est-ce qu’il s’agit de droits à dépasser, dans la mesure où ils semblent liés à des stéréotypes de genre (selon une tendance qui s’imposerait actuellement) ? Ou est-ce qu’il faut y voir au contraire l’affirmation la plus radicale des droits sociaux, la défense la plus forte des relations sociales et vitales contre l’organisation libérale du marché ?
19 décembre 2019 9h30-18h
Bâtiment Olympe de Gouges, Salle 533
Place Paul Ricœur, 75013
Organisation: Stefania Ferrando (ANR ReMouS)
Projet ANR ReMouS
LIER-FYT /EHESS